Discours de MIN pour l’ouverture des festivités en mémoire de la bataille de la Ravine-à-Couleuvres

Mesdames, Messieurs les dirigeants d’écoles,

Messieurs les conférenciers,

Distingués invités,

Chers élèves de différents établissements scolaires,

Les évènements sont pour l’Histoire ce que la mémoire est pour le Temps. L’évènement, quel qu’il soit, ne peut être narré si la mémoire en fait fi. L’historique se charge de raconter ce qui s’était déjà passé et se charge aussi de mémoriser ce qui se passe aujourd’hui pour le transmettre au futur. En cette l’occurrence, nous sommes présents en ce local pour repasser dans l’esprit de tout un chacun un moment du passé qui est d’une importance capitale dans l’histoire nationale.

Il y a 223 ans, notre pays a connu un évènement majeur qui allait bouleverser le destin des milliers de femmes et d’hommes et celui de l’humanité, il s’agit de la bataille de la Ravine-à-couleuvres. Cette grande bataille qui fut le point de départ d’une série de combats débouchant sur l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804, déroula sur nos terres le 23 février 1802 à la croix-Périsse, la première section communale de L’Estère.

Ô, jour béni, jour de conviction, jour de bravoure ! Ce jour-là, deux conceptions humaines, deux courants de pensée, à savoir le colonialisme et l’antiesclavagisme se sont affronté dans un corps à corps époustouflant ; ce jour-là, la boue et le sang s’entremêlent, se fusionnèrent pour jeter les bases de la liberté et la dignité de l’homme haïtien. En témoignent la couardise de Toussaint Louverture et ses hommes face à l’armée française con duite par le beau-frère de Bonaparte, le général Rochambeau.

Malgré les faibles moyens que disposèrent la génération de 1802, ils se sont sacrifiés. Ils ont cru en ce principe d’humanisme qui dit :« Aucun Homme, aucun peuple n’est né pour être piétiné. » Ce principe galvanisa l’armée indigène qui jura de combattre jusqu’au dernier souffle afin de mettre fin au système esclavagiste sur l’ile. Ils se sont battus avec acharnement jusqu’à faire douter les soldats français, pourtant mieux armés, mieux équipés et mieux entrainés.

La bataille de la Ravine-à-couleuvres fut déterminante dans l’histoire d’Haïti puisqu’elle fut servie de laboratoire en termes de stratégie et de tactique militaires pour les autres batailles dont 18 novembre 1803. Aujourd’hui, au-delà de toutes les appréhensions politiques ou géopolitiques, c’est avec fierté que nous commémorons cette bataille en vue de saluer la mémoire de ces femmes et de ces hommes qui de leur sang donnaient à la liberté ses lettres de noblesse.

Quant à nous, estériennes, estériens, héritiers légitimes de ce sacrifice incommensurable, nous devons nous incliner dans un esprit de cohésion sociale et d’unité salvatrice pour leur signifier notre reconnaissance. La bataille de la Ravine-à-couleuvres nous oblige, Mesdames, Messieurs, à travailler main dans la main afin de perpétuer, à travers les âges, l’esprit sacrificiel de nos ancêtres. Aujourd’hui, l’insécurité à laquelle nous faisons face sur le territoire national nous empêche de célébrer la date comme il faudrait, mais nous espérons sortir de cet obscurantisme pour que nous ayons accès à pouvoir fouler le sol de la Ravine sans n’avoir peur de quoi que ce soit.

Nous, membres du Mouvement des Idées Novatrices (MIN), nous sentions redevables envers l’histoire de marquer la mémoire de la bataille de la Ravine-à-couleuvres durant trois journées avec des activités différentes. Ainsi, de même que, d’une manière ou d’une autre, nous commémorons nationalement des dates comme 18 mai et 18 novembre, etc., c’est ainsi nous souhaiterions que la date du 23 février reste gravée dans la mémoire collective du peuple haïtien. Et à l’Estère, nous souhaitons que les journées du 23 février soient des journées de débats, de visites ou festives en mémoire de cette bataille.

En ce jour mémorable, nous avons le plaisir de vous recevoir en ce local.

Nous vous souhaitons la bienvenue. Que nos ancêtres soient honorés de nous tous. Ainsi, au nom de MIN, je déclare ouvert les trois jours de fierté de la Ravine-à-couleuvres.

Donis F. ALEXANDRE, coordonnateur de MIN (Mouvement des Idées Novatrices)
21 février 2025

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