Kokorat san ras¨ et le Silence de la Délégation Départementale de l’Artibonite

Kokorat san ras. Ce nouveau nom n’a pas été reconnu comme une identité à part entière. De façon détachée, Kokorat et San ras ont chacun un sens propre dans la lexicographie de la langue créole haïtienne. Traiter quelqu’un de ¨san ras¨ est une insulte. Alors que, kokorat, en plus d’être une épithète infamante, il désigne une catégorie sociale négligée. Celle-ci fait référence aux enfants de rues dont les parents ne peuvent pas subvenir à leurs besoins matériels et existentiels. Ces enfants de rues sont souvent utilisés comme moyen au sens de la philosophie morale de Kant. Constatant ce fait, l’artiste BIC a levé le petit doigt pour défendre cette minorité sociale dans une musique qu’il a titrée – kokorat. – Plus loin, l’artiste engagé KEB, conscient de la valeur vexatoire du mot en question, a qualifié de kokorat certains représentants de l’Etat dans une musique qu’il a aussi intitulée : kokorat. Dans cette musique, on peut l’entendre cantonner la phrase qui suit : « Chèf grangou, se kokorat. » Ce, pour affirmer qu’il n’a jamais été si plaisant de prononcer ces mots à l’endroit de quelqu’un.

Fait inédit, malgré le sens péjoratif de ces mots, « Kokorat san ras » est devenu une unité linguistique pour désigner une bande de gang qui sème la pagaille sur la route nationale de L’Estère précisément à Périsse, première section de la commune.

Ce collectif de sans vergognes est en partie composé d’estériens natifs utilisé et manipulé pour polluer l’espace social de la commune. Depuis qu’ils s’y installent, la commune respire la peur, l’incertitude. Du coup, elle est nostalgique de la paix, de la sécurité et de la libre circulation.

Nostalgique. Oui, nostalgique. Avant que le groupe gang kokorat san ras ne vienne s’installer à Périsse, la commune, dans son ensemble, connaissait un climat de paix dans lequel tous déambulent sans courir aucun risque de se faire kidnapper, violer, voler, etc.

La sédentarisation de ce groupe de malfaiteurs a changé l’ordre des choses. Personne ne sait à quel saint se vouer. Dans cet océan d’obscurantisme que nage l’Estère et le reste du département, la délégation départementale de l’Artibonite observe un silence qu’on pourrait qualifier de je-m’en-foutiste.

Cette institution a pour siège la ville des Gonaïves, le chef-lieu du département de l’Artibonite. Elle a le pouvoir politique et administratif sur toutes les communes formant ledit département. Elle a la légitimité d’intervenir dans tout ce qui concerne et/ou entrave l’avenir du département. On parle ici de responsabilité politique et administrative. Face à l’irresponsabilité de la délégation, il est d’une importance capitale de poser cette question : la présence du gang kokorat san ras à l’Estère ne compromet-il pas l’avenir du département ?

On n’ignore pas que le problème posé dans cet écrit est d’ordre national. Cependant, cela n’empêche en aucun cas de questionner le silence de la délégation dans cette situation alarmante qui plonge le département dans l’incertitude. En dépit du fait que la situation paraisse macabre et risque de perdurer, cette délégation reste bouche bée ! Pourquoi ?

Or, à la connaissance de la DDA (Délégation Départementale de l’Artibonite), la route nationale #1 n’est plus un bien indivisible. Elle est saisie de force par le groupe gang kokorat san ras. Cet accaparement affecte affreusement le service du transport public. Face à cela, la population estérienne se voit obligée de faire l’usage d’un ancien chemin abandonné à Petite-Desdunes, deuxième section communale de l’Estère pour avoir accès au reste du département, voire du pays. Des parents utilisent ce chemin pour apporter, tant bien que mal, des produits de toutes sortes à leurs enfants logeant aux Gonaïves. À regarder l’état merdique du chemin, il fait penser à notre adage s’intitulant : « Lè w pa jwenn manman ou tete grann. »

De plus, l’occupation illégale de la route nationale pèse lourdement sur le secteur éducatif estérien parce que les enseignants habitant la ville des Gonaïves ne peuvent pas circuler librement pour aller travailler à l’Estère. Certains sont obligés de faire une rupture de contrat. Donc, cela n’engage que l’Estère si son école ne fonctionne pas bien ? Chacun pour soi, Dieu pour tous ? Que peut profiter la délégation départementale dans ce silence irresponsable ?

Comme l’institution dont on parle est la représentante directe de l’Etat central dans l’Artibonite, Peut-être que […] Et la vérité sera établie un jour ou l’autre.

Donis F. ALEXANDRE
20 octobre 2023

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